Le point sur le commerce
2019
20e
édition
À propos de ce document
Ce rapport fournit un résumé détaillé des principaux développements survenus dans les activités commerciales du Canada au cours de l’année précédente. Il décrit les événements qui ont marqué l’économie mondiale et les échanges commerciaux en 2018, ainsi que les points saillants de l’économie canadienne et ceux des économies et des régions partenaires les plus importantes. Il présente un compte rendu de l’évolution du commerce des biens et des services du Canada, ainsi que des flux et des stocks d’investissement étranger direct et d’investissement direct du Canada à l’étranger.
Un chapitre spécial est consacré à l’effort de diversification des échanges commerciaux du Canada, son importance, son évolution et ses perspectives, de même qu’aux différentes dimensions de la diversification du commerce. Il décrit notamment différentes voies possibles pour poursuivre la diversification, en résumant les nombreuses recherches et analyses entreprises au Bureau de l’économiste en chef d’Affaires mondiales Canada et ailleurs.
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This document is also available in English under the title: Canada’s State of Trade 2019 – 20th Edition
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© Sa Majesté la reine du chef du Canada, représentée par Affaires mondiales Canada, 2019.
N° de cat. : FR2-8F-PDF
ISSN : 2562-8348
À titre de ministre de la Diversification du commerce international du Canada, je suis ravi de présenter la 20e édition annuelle du rapport sur le Commerce international de 2019.
Le commerce a été au centre de l’attention du monde au cours de l’année écoulée. À l’échelle mondiale, les tensions commerciales, les tarifs douaniers et l’incertitude qui plane sur de nombreuses économies se sont soldés par une croissance économique plus faible et un léger ralentissement du commerce des marchandises l’an dernier. Cependant, malgré cette turbulence, les exportations et les importations du Canada ont toutes deux augmenté en 2018 et la valeur totale du commerce des biens et services a atteint le niveau record de 1,5 billion de dollars.
L’expansion du commerce et de l’investissement signifie une plus grande croissance économique et davantage d’emplois bien rémunérés qui contribuent à renforcer la classe moyenne au Canada. Alors que les flux d’investissement du Canada à l’étranger ont fléchi, les entrées totales d’investissement étranger direct au pays ont bondi de 70 %, à 55 milliards de dollars.
Le présent rapport sur le Commerce international rend compte des efforts déployés par notre gouvernement pour développer et diversifier les échanges et les investissements du Canada, et pour bâtir des ponts vers des marchés dynamiques. Bien que les États-Unis demeurent notre principal partenaire commercial, les échanges commerciaux avec les autres pays ont augmenté plus rapidement. Cela augure bien pour l’expansion de nos partenariats dans le monde.
La diversification à l’étranger signifie non seulement que nous devons intensifier nos efforts pour accroître le commerce avec toutes les régions, mais qu’il faut aussi tirer parti des occasions qu’offrent les secteurs émergents. Au pays même, la diversification signifie qu’il faut s’assurer que toutes les régions du Canada et tous les membres de la société sont en mesure de soutenir la concurrence et de réussir sur les marchés internationaux. Le Canada a ouvert la voie en matière de promotion de l’égalité des genres et de l’autonomisation des femmes par son engagement sur le plan international. Notre gouvernement joue également un rôle de premier plan en aidant davantage les Autochtones, les membres de la communauté LGBTQ2+ et les jeunes à réussir dans l’économie d’aujourd’hui.
Le rapport sur le Commerce international de 2019 met en lumière les résultats obtenus par les entreprises exportatrices appartenant à des femmes et à des Autochtones : les chiffres sont très encourageants, les gains tirés du commerce se diffusant à l’ensemble du Canada, parmi tous les Canadiens.
Nous appuyons résolument le libre-échange comme moyen d’ouvrir des marchés étrangers aux biens et services canadiens, de développer les entreprises canadiennes, de créer des emplois bien rémunérés et de contribuer à la prospérité de la classe moyenne. Pour cette raison, nous travaillons en vue d’augmenter nos exportations de 50 % d’ici 2025.
Les données sur les petites et moyennes entreprises (PME) exportant des biens et des services hors du Canada sont celles qui laissent entrevoir le plus fort potentiel d’expansion. Dans le cadre de la stratégie de diversification du commerce du Canada, nous voulons aider les PME à évoluer sur les marchés internationaux et à mettre à profit les gains obtenus dans le cadre des accords commerciaux conclus par le Canada sur le plan de l’accès aux marchés.
À l’heure actuelle, le Canada participe à 14 accords de libre-échange appliqués dans 51 pays, représentant un produit intérieur brut combiné de 52 billions $US. Lorsque l’Accord de Partenariat transpacifique global et progressiste (PTPGP) est entré en vigueur à la fin de l’année dernière, le Canada est devenu le seul pays du G7 ayant noué des liens de libre-échange avec tous les autres partenaires. Le présent rapport met en évidence les effets du PTPGP et de l’Accord économique et commercial global (AECG) conclu entre le Canada et l’Union européenne. Dans les deux cas, le rapport montre que les exportations canadiennes ont augmenté après leur entrée en vigueur.
Notre approche vise à faire en sorte que l’expansion du commerce et des investissements et notre stratégie de diversification des échanges commerciaux favorisent une croissance significative et durable pour les citoyens, les entreprises et les collectivités au Canada.
L’honorable Jim Carr, ministre de la Diversification du commerce international
Sommaire
Après une période de croissance généralisée et synchronisée pendant toute l’année 2017 et jusqu’au début de 2018, l’économie mondiale a amorcé une détente. L’effet combiné des tensions commerciales mondiales et du ralentissement des forces cycliques a freiné l’activité économique. La décélération a été observée partout, même dans des pays comme la Chine et l’Inde. Les États-Unis ont constitué une exception notable, alors que les conditions tendues du marché du travail et une expansion à large assise ont stimulé l’économie.
Dans ce contexte de croissance économique plus faible, l’expansion des volumes d’échanges de marchandises a ralenti, tant sur les marchés développés que sur les marchés émergents. La valeur du commerce mondial des marchandises a augmenté de 10 % en 2018, ce qui est légèrement inférieur à la hausse de 11 % enregistrée l’année précédente. Cependant, les importations annuelles de marchandises à travers le monde ont augmenté plus rapidement qu’entre 2012 et 2016, et les importations mondiales de services commerciaux ont progressé de 7,4 % en 2018, un taux légèrement supérieur d’un point de pourcentage par rapport à celui de 2017.
Ce contexte, auquel se sont ajoutées les tensions commerciales internationales, l’incertitude politique et les réformes fiscales aux États-Unis, a eu un impact majeur sur les flux d’investissement étranger direct (IED) dans le monde. En 2018, les flux d’IED ont reculé de 13 %, les économies développées d’Europe enregistrant la plus forte baisse parmi les grandes régions, soit 55 %.
Comme la plupart des autres grandes économies, le Canada a vu sa croissance ralentir à 1,9 % en 2018, après une augmentation de 3 % en 2017. Un facteur important a été le ralentissement de la croissance de la consommation des ménages. Cette dernière a été freinée par l’endettement des ménages. L’investissement non résidentiel des entreprises a apporté une très modeste contribution positive à la croissance, tandis que l’investissement résidentiel a eu un effet négatif à ce chapitre en raison du resserrement des lignes directrices sur les prêts hypothécaires. Une accélération de la croissance des exportations réelles et une décélération des importations réelles ont permis au commerce d’apporter une contribution marginale à la croissance en 2018, après avoir freiné celle-ci en 2017. Le marché du travail au Canada a continué d’afficher des conditions tendues, le taux de chômage annuel (5,8 %) affichant un des niveaux les plus bas depuis au moins 1976, tandis que l’inflation a atteint 2,3 % en 2018, le taux le plus élevé depuis 2011.
Au chapitre du commerce, les exportations de biens et services du Canada ont augmenté de 6,2 % en 2018, tandis que les importations s’accroissaient de 5,4 %. La valeur totale des échanges de biens et de services a atteint le niveau record de 1,5 billion de dollars. Les exportations de biens du Canadaont joué un rôle important dans cette progression, croissant de 6,5 % en 2018 pour atteindre 585 milliards de dollars. L’énergie a tracé la voie avec un gain de 14 milliards de dollars (15 %) à 111 milliards de dollars, suivie des biens de consommation (3,6 milliards de dollars) et des produits forestiers, de construction et d’emballage (3,4 milliards de dollars). Par destination, les exportations de biens vers les États-Unis ont augmenté de 5,4 % à 433 milliards de dollars en 2018. Toutefois, les exportations vers les destinations autres que les États-Unis ont grimpé encore plus rapidement, atteignant 153 milliards de dollars, une hausse de 9,8 %. Les exportations de services canadiens ont poursuivi leur progression pour la neuvième année d’affilée, affichant un gain de 5,8 %, pour atteindre 121 milliards de dollars.
De façon similaire aux exportations, les importations de biens du Canada ont augmenté de 5,8 % pour s’établir à 607 milliards de dollars en 2018, avec des gains dans tous les secteurs, notamment ceux des minerais métalliques et minéraux, des produits énergétiques, et des aéronefs et autre matériel de transport. Au niveau régional, les importations de biens en provenance des États-Unis se sont accrues de 5,4 % pour atteindre 391 milliards de dollars en 2018, tandis que les importations en provenance d’autres sources que les États-Unis progressaient de 6,5 % pour monter à 216 milliards de dollars. Étant donné que les exportations de biens canadiens ont progressé à un taux plus élevé que les importations de biens au Canada, le déficit du commerce des biens s’est refermé de 2,7 milliards de dollars, à 22 milliards de dollars.
Les importations de services ont crû de 4,2 % pour s’établir à 146 milliards de dollars. Le Canada a continué d’enregistrer un déficit dans ses échanges de services avec toutes les grandes régions du monde et avec la plupart de ses principaux partenaires commerciaux; près de la moitié de ce déficit est imputable aux États-Unis.
En 2018, les entrées totales d’IED au Canada ont bondi de 70 %, atteignant 55 milliards de dollars, à l’opposé du recul survenu dans la plupart des autres économies développées, en raison d’une augmentation de 24 milliards de dollars de l’IED provenant de sources autres que les États-Unis. Les fortes entrées d’investissement dans le secteur manufacturier canadien (+45 %) ont compensé les baisses enregistrées dans le secteur du commerce et du transport (-41 %) et celui des finances et des assurances (-13 %).
En revanche, l’investissement direct canadien à l’étranger (l’IED du Canada vers d’autres pays) a reculé de 38 % pour s’établir à 64 milliards de dollars, ce qui est notamment dû à une réduction de 60 % de l’investissement aux États-Unis. Les flux d’IDCE vers le reste du monde ont augmenté de 48 %, ou 10 milliards de dollars. Globalement, les investisseurs canadiens ont privilégié le secteur de l’énergie et des mines et celui de la fabrication, en hausse de 13 et 10 milliards de dollars respectivement.
Pour l’avenir, la faiblesse persistante du secteur des ressources dans l’Ouest canadien, l’endettement élevé des ménages et les réactions hostiles au commerce et à la mondialisation sont des facteurs susceptibles de freiner la croissance de l’économie, du commerce et de l’investissement canadiens. La Banque du Canada prévoit que la croissance économique se redressera au cours de la seconde moitié de 2019 et se maintiendra jusqu’en 2020.
Que la conjoncture mondiale soit stable ou incertaine, avoir de nombreuses destinations d’exportation ou de nombreux produits différents à exporter peut certes aider les entreprises canadiennes à prospérer en atténuant les risques et en leur permettant de tirer parti des occasions offertes par les marchés en forte croissance. Le présent rapport sur l’état du commerce examine la recherche effectuée par le Bureau de l’économiste en chef sur la diversification des échanges, tant au sens habituel que sous l’angle de la diversité des entreprises exportatrices. Il aborde également les résultats d’études menées par Exportation et développement Canada.
Pour ce qui est de la diversification géographique (les destinations d’exportation), le Canada pourrait se diversifier davantage puisque les exportations canadiennes sont considérées comme étant concentrées. En fait, le Canada arrive au quatrième rang des pays dont les exportations sont les plus concentrées sur un total de 113 pays, principalement en raison de la proportion élevée de ses exportations qui prennent la direction des États-Unis. Cela n’est guère étonnant compte tenu des liens commerciaux étroits qui existent entre le Canada et son voisin du Sud. Reconnaissant cette concentration élevée des exportations du pays, le gouvernement fédéral s’est fixé comme objectif d’accroître les exportations canadiennes vers les destinations d’outre-merFootnote 1 de 50 % d’ici 2025, soit à 284 milliards de dollars. Pour atteindre ce but, le taux de croissance annuel moyen devra atteindre 5,2 % à partir de 2017, ce qui est plus élevé que la tendance au cours des années récentes (2011-2017).
La conclusion d’accords de libre-échange (ALE) est un moyen que peut employer le gouvernement pour inciter les exportateurs canadiens à se diversifier en s’orientant vers de nouveaux marchés. Les ALE contribuent, en effet, à ouvrir des débouchés en abaissant les barrières commerciales telles que les tarifs douaniers, les quotas et les barrières non tarifaires. L’analyse montre que les exportations canadiennes augmentent après l’entrée en vigueur d’un ALE, en particulier pour les produits ayant bénéficié d’une plus forte baisse tarifaire. Bien que le Canada compte déjà une longue liste de partenaires d’ALEFootnote 2, la signature de nouveaux accords et le renforcement des ALE actuels pourraient aider à diversifier davantage le commerce canadien, notamment dans les marchés émergents en croissance rapide. Les résultats d’études préliminaires indiquent qu’une hausse d’un point de pourcentage du taux de croissance d’un marché d’importation s’est traduite par une augmentation du niveau des exportations canadiennes de 0,11 %. De plus les résultats suggèrent un gain supplémentaire de 0,16 % si le Canada était déjà actif sur ce marché avant qu’il ne connaisse une telle croissance. Cela dit, encourager les entreprises canadiennes à exporter d’abord vers des marchés émergents pourrait ne pas toujours convenir. Dans une large majorité, les nouveaux exportateurs débutent par le marché américain et ne prennent de l’expansion sur d’autres marchés que subséquemment. Selon les estimations, 20 % des entreprises exportant aux États-Unis prennent de l’expansion ou entrent sur de nouveaux marchés chaque année, en moyenne. Par conséquent, encourager les entreprises à explorer des marchés outre-mer pourrait nécessiter qu’ils passent d’abord l’épreuve du marché américain plus rapproché et plus familier. Incidemment, selon les prévisions, 16 villes américaines figureront parmi les 40 plus importantes agglomérations dans le monde en 2030, en termes d’occasions d’affaires que pourraient saisir les entreprises canadiennes.
Bien que certaines destinations existeront toujours dans l’avenir, la façon dont les entreprises vendent leurs biens et services se transforme avec l’avènement d’Internet et des technologies numériques. Les technologies numériques facilitent les transactions et abaissent les coûts, par exemple en optimisant la planification des itinéraires, en réduisant le temps de stockage et en améliorant les réseaux de distribution. De telles avancées raccourcissent les distances pour les exportateurs. En outre, Internet est de plus en plus utilisé pour la livraison transfrontalière de produits numériques.
Encourager l’utilisation de ces technologies pourrait faire progresser la stratégie de diversification. Cela pourrait être particulièrement important pour les petites et moyennes entreprises (PME). Même si elles représentaient plus de 99,8 % des entreprises ayant des employés et 89 % de tous les emplois du secteur privé, seulement 12 % des PME exportaient des biens et services à l’extérieur du Canada. Les programmes gouvernementaux visant à aider les PME à évoluer sur les marchés internationaux offriraient une autre piste en vue d’atteindre l’objectif du Canada les exportations outre-mer en 2025.
Tel qu’indiqué précédemment, la diversité parmi les exportateurs mérite aussi notre attention. La diversification au niveau de la propriété des exportateurs canadiens est importante, car elle contribue à mieux diffuser les avantages du commerce à travers le Canada et parmi tous les Canadiens. Une dimension a trait aux entreprises exportatrices appartenant à des femmes. La recherche révèle que la proportion de PME exportatrices appartenant à des Canadiennes a doublé, passant de 7,4 % de l’ensemble des PME exportatrices en 2011 à 15 % en 2017. De plus, parmi les PME canadiennes appartenant à des femmes, la part des entreprises exportatrices est passée de 8,4 % en 2014 à 11 % en 2017.
L’autre dimension de la propriété qui a été examinée est celle des entreprises exportatrices appartenant à des Autochtones. Les résultats d’une enquête menée auprès d’entrepreneurs autochtones indiquent qu’en 2014, la proportion de PME exportatrices autochtones était deux fois plus élevée que celle des PME exportatrices canadiennes non autochtones – 24 % contre 12 % respectivement. Bref, la diversité est déjà présente au sein de la communauté des exportateurs et cette diversité progresse lentement.
Ainsi, la diversification offre une protection contre les risques de chocs étrangers au Canada et permet aux entreprises canadiennes d’exploiter les possibilités offertes par les marchés en forte croissance. Il existe différentes voies pour parvenir à une plus grande diversification géographique. Parmi ces voies : recourir à des accords de libre-échange pour donner aux exportateurs canadiens un meilleur accès aux marchés étrangers; accéder tôt aux marchés en croissance rapide; utiliser le marché américain comme tremplin vers les marchés d’outre-mer; exploiter les technologies numériques; accroître la participation des PME au commerce international; enfin, mettre l’accent sur la croissance future des villes pour repérer de nouvelles occasions d’exportation. Par ailleurs, les gains du commerce pourraient être répartis plus uniformément au Canada, notamment grâce à la diversification de la propriété des entreprises exportatrices.